Une des caractéristiques importantes chez les personnes HP sont les émotions. En effet, les émotions peuvent être très fortes, tant positivement que négativement. Vibrer devant une abeille qui butine une fleur, avoir une larme qui vient en regardant un film ou encore être pris d’une émotion intense en écoutant une musique sont des cadeaux qu’il faut apprécier. Mais on n’a pas l’un sans l’autre, les émotions négatives sont elles aussi, souvent très fortes. J’aborderai ici plusieurs moyens de mieux vivre ces pics émotionnels.
Gestion des émotions
Je n’arrive pas à gérer mes émotions : je peux pleurer pour un rien mais aussi éclater de rire alors que tout le monde à côté de moi reste sérieux et ne comprend pas mon hilarité. Comment puis-je apprendre à mieux gérer mes émotions ?
Ce sont les émotions qui font vibrer le HP, positivement mais aussi négativement. Cela fait partie de notre fonctionnement intrinsèque. Le premier pas à faire est d’accepter ces émotions. Lutter contre ne fera que les augmenter. Quand ce sont des émotions positives, en général, ce qui nous pose le plus de problème c’est le regard des autres. Un petit travail sur soi est nécessaire pour se détacher de ce regard. Est-ce grave qu’on nous perçoive comme une personne qui rit pour un rien ? Quand ce sont des émotions négatives, les accepter aussi est déjà un premier pas. Laisser venir l’émotion, la ressentir permet déjà d’être à l’écoute de notre moi profond.
Une petite technique très facile que je conseillerais à tous les HP est la cohérence cardiaque.
Cette technique permet d’obtenir en cinq minutes l’effet d’une demi-heure de méditation. Quand on pratique la cohérence cardiaque tous les jours, cela permet une prise de distance avec nos émotions.
Cette technique a été inventée par David Servan Schreiber et David O ‘Hare. Elle consiste à mettre en état de résonnance les battements cardiaques, la dilatation de l’aorte et la respiration. En respirant à une fréquence de 0.1 Hz, on se met dans cet état de résonnance. Les effets physiologiques et psychologiques sont énormes. N’hésitez pas à fouiller sur le web pour avoir plus d’informations.
Des hauts et des bas fréquents
Parfois j’ai l’impression d’être cyclothymique. Comment gérer ces hauts et surtout ces bas ?
J’ai un grand-père qu’on considérait comme un sage. Même si je ne l’ai pas connu, il est mort quand j’avais un an. Un jour où justement j’avais ce bas, j’ai été trouver maman dans la cuisine, lui disant que cela n’allait pas. Je devais avoir une dizaine d’années. Elle m’a répondu une phrase de son père : « Dans notre famille, on est des gens particuliers. Quand on vit les choses, on les vit très fort : de grandes joies mais aussi des moments très difficiles ». Il avait déjà tout compris.
Dans les périodes de haut, on s’éclate. On a presque envie de sauver le monde, les projets affluent dans notre cerveau. Parfois, on peut même ne plus avoir les pieds sur terre. C’est là qu’il faut être vigilant : plus nous montons dans les hauts, plus le bas qui suivra sera vertigineux. Donc le premier petit truc sera d’essayer de ne pas exagérer les « trips » positifs. Les bas sont vraiment des moments difficiles : on peut avoir l’impression de tomber en dépression. Pourtant ce n’est pas le cas. Nous sommes des êtres humains : quand on en fait trop il est normal qu’à un moment on s’épuise et que le bas arrive. Il est possible que ces bas remontent plus vite. Il faut tout d’abord accepter ces bas.
Se dire simplement que c’est normal, que cela fait partie de notre fonctionnement et surtout se dire que le haut va suivre. C’est un moment où l’on doit apprendre à s’écouter: écouter nos besoins, nos envies… Prendre soin de nous.
Ce n’est pas le moment où il faut commencer à ranger la cave. Bien souvent nous culpabilisons de ne pas avoir le courage de nous y mettre ou on s’y met mais avec tellement peu d’énergie qu’on n’est pas efficace. Cette culpabilité nous ronge et ralentit le retour du haut.
Prendre soin de soi, s’écouter dans ces moments de bas est un apprentissage qui peut prendre un peu de temps. Ces moments de bas peuvent être vécus positivement, comme un moment de ressourcement.
Peurs, phobies
Les peurs et les phobies sont-elles plus fréquentes chez les personnes HP. Comment arriver à les dépasser ?
Les HP ont clairement tendance à avoir des peurs, des phobies. Il est nécessaire ici de faire la distinction entre une peur et une phobie. La peur est un état émotionnel qui arrive à un moment précis, il peut être déclenché par un évènement. La peur peut être une réaction saine devant un danger. Avoir peur d’un bolide qui fonce sur nous peut être salutaire. Même la peur d’échouer à un examen peut parfois mettre en route. Quand la peur se répète et devient handicapante dans la vie de tous les jours, on parlera alors de phobie.
Les Hp peuvent avoir plus vite peur que les autres car ils vivent tout trop fort. Ces peurs peuvent être positives, en ce sens qu’elles nous préviennent d’un éventuel danger et qu’on peut se préparer au mieux pour l’affronter. Tant que ces peurs ne sont pas envahissantes, on peut les accepter et garder notre vigilance.
Quand les peurs deviennent de réelles phobies, il est nécessaire de consulter. Des techniques psychologiques existent : TCC, EMDR, hypnose…
Nous pourrions aussi nous interroger sur la cause de ces peurs, de ces phobies chez les HP. La réponse est clairement liée à notre hyperstimulabilité imaginative. J’y reviendrai dans ce chapitre.
L’inconnu me rend anxieux. J’ai à la fois envie de nouveauté mais cela m’effraie.
Il existe un lien étroit entre l’hyperstimulabilité imaginative et l’hyperstimulabilité émotionnelle. On peut le percevoir dans cette remarque. L’inconnu suscite chez le HP un million de questions. On n’a pas toujours les réponses à ces questions. Beaucoup d’HP ont un besoin énorme de pouvoir contrôler, je dirais même plus TOUT contrôler. Dès qu’on perd ce contrôle, on peut imaginer tout ce qui pourrait hypothétiquement arriver. Et c’est là que cette hyperstimulabilité imaginative arrive. Quand on la cumule avec l’émotionnel, l’anxiété est là.
« J’aime vraiment les vacances, partir et découvrir de nouvelles terres, de nouveaux horizons. Plus les pays sont différents, plus la civilisation m’est inconnue, plus je vis mes vacances intensément. J’ai toujours une crainte avant de partir qui me donne même parfois de réelles crises d’angoisses. Et si… et si… Il y a trois ans, j’ai appris que j’étais zébrée, j’ai fait tout un travail sur moi-même et principalement sur ces angoisses anticipatives. Je me suis rendu compte que je devais « faire avec ». Alors mes voyages, je prends le temps de bien les préparer, en anticipant toutes les difficultés et toutes les solutions qui pourraient me sortir de là. Dès que j’imagine quelque chose de négatif, je le note et mets à la suite des solutions. Cela va parfois très loin, mais je le vis vraiment mieux. »Ysaline 27 ans
Difficultés à partager les émotions positives
Je me sens souvent très seul quand une émotion positive m’envahit. J’ai tellement envie de la partager, mais bien souvent je ne reçois en retour que du silence. Cela fait mal.
Partager notre ressenti n’est en effet pas toujours facile. Certains s’extasieront devant un paysage, d’autres devant un enfant, d’autres encore, devant une magnifique équation mathématique. Notre ressenti est alors très fort. Une émotion positive qui nous prend aux tripes et qu’on a vraiment besoin de partager.
Deux difficultés sont alors là devant nous : comment verbaliser ce ressenti, les mots peuvent être tellement faibles pour exprimer une émotion intense. Ces mots ne font pas écho à la force de notre ressenti qui est donc difficile à partager. On se sent alors frustré de ne pouvoir le communiquer.
L’autre difficulté est plus inhérente à la personne qui se trouve devant nous. Si celle-ci n’est pas habituée à vibrer très fort dans le positif, notre ressenti paraîtra bizarre, étrange. Ce décalage avec l’autre peut également nous mettre dans un état de solitude profond.
Accueillons ces émotions positives, c’est ça Vivre (avec un grand V) ! Trouvons une personne qui fonctionne un peu comme nous si nous avons besoin de les partager.
Si c’est impossible, prenons le temps de goûter cette émotion, de la ressentir pleinement et pourquoi pas de nous la représenter : l’écrire, la dessiner ou utiliser tout autre moyen d’expression pour nous la représenter.
« Ah ça non ! Je ne peux pas dire ce que je ressens à tout le monde. On ne me comprend pas. C’en est presque insupportable. L’autre jour, je me promenais avec un collègue sur le temps de midi. Je m’extasiais sur la beauté d’une petite fleur jaune qui poussait sur du bêton. C’était vraiment super. Je parlais tout en expliquant que la nature était forte. Mon collègue n’a pas du tout compris mon ressenti. Pour lui c’était juste une mauvaise herbe. »
François, 43 ans.
Les injusticesJe ne supporte ABSOLUMENT PAS les injustices. Cela me met dans un état épouvantable que je ne parviens pas à gérer.
L’injustice est courante dans notre monde, malheureusement. Cela peut nous mettre dans un état vraiment épouvantable. C’est de nouveau cette hyperstimulabilité émotionnelle qui nous joue des tours. L’injustice existera toujours or, certains HP ont vraiment ce désir d’un monde « parfait », d’un monde où tout est juste.
C’est tout un travail de lâcher prise pour essayer de voir les belles choses qui existent et mettre de côté ce qui nous pose problème. En même temps, nous pouvons essayer de notre côté de travailler pour que la justice « triomphe ». Chaque petite goutte sera utile. Néanmoins, il restera toujours des injustices.
Comme tout ce qui concerne la gestion des émotions, je ne peux que conseiller la cohérence cardiaque. Quand on la pratique régulièrement, en se mettant en cohérence cardiaque, en quelques minutes, on prend distance par rapport aux émotions.
Et, il existe plein d’autres techniques que l’on peut pratiquer pour mieux gérer ses émotions.
« Un truc qui m’énerve plus, plus, plus, ce sont les personnes qui manquent de respect. Là, je suis tellement énervée que j’ai l’impression de devenir toute rouge. Petit exemple tout simple : un jour quand j’étais à la caisse du carrefour, il y avait beaucoup de monde. Une « pétasse », pas d’autres mots, se met subrepticement devant moi. Oh là, vous pensez bien, je ne me suis pas laissé faire. Elle a alors simplement été à la caisse d’à côté et a dépassé trois personnes. Sans aucune gêne. Les trois personnes dépassées n’ont absolument pas réagi. J’ai l’impression que cela m’a encore plus dérangée. Comme si cette « pétasse » avait un passe-droit. » Julie 19 ans
L’incivisme, le manque de conscience morale que je perçois dans le monde m’atteint au plus haut point.
Les êtres humains ne sont pas parfaits, nous non plus. Les personnes HP ne sont pas meilleures que les autres, même si, parfois certains auteurs ont tendance à nous montrer comme des gens extraordinaires avec des valeurs morales élevées. Je dirais simplement : regardez au fond de vous, vous saurez que les HP ne sont pas meilleurs que les autres. Soyons honnêtes, on a tous nos côtés négatifs. Dans certains domaines on peut avoir l’impression que nos valeurs morales ne sont pas du tout suivies par d’autres et cela peut nous hérisser au plus haut point.
Personnellement, la protection de l’environnement est vraiment une de mes priorités, nous essayons d’aller vers le zéro déchet. Quand je vois des personnes jeter leur mégot de cigarette par terre, une cannette ou l’emballage d’une sucrerie, j’ai envie de réagir. Plus d’une fois je l’ai fait mais je me rends bien compte que cela ne sert à rien, si ce n’est à encore augmenter la tension qui m’habite.
Nous ne pouvons exiger que les autres changent. De nouveau, agissons nous-même dans les domaines qui nous touchent et essayons de lâcher prise sur ce qu’on ne peut pas changer.
Nous pouvons aussi ouvrir les yeux sur toutes les nombreuses démarches citoyennes qui existent. Cela peut un peu contrebalancer ces actes inciviques.